Champion Étienne
Champion Étienne
Étienne Champion travaille sur des sujets et des formes qui obligent le spectateur à réinterroger les perspectives et la lumière. C’est pourquoi les visages et les corps sont, pour lui, des objets d’étude de prédilection. Pour réaliser ses sculptures, E. Champion commence par dessiner son sujet une fois, deux fois, dix fois, sous des éclairages contrastants et orientés de différents angles. Au fusain, il restitue sur le papier les volumes par un jeu d’ombres et de lumières. De ces dessins en aplats de noir et de blanc à deux dimensions vont naître ses sculptures. L’artiste ne sculpte donc pas des visages, mais les dessins qu’il fait des visages en y ajoutant ce qu’il définit comme une « obligation de liberté » afin que l’ensemble devienne réellement sculptural. En cela, le travail d’Étienne Champion apporte à la sculpture une nouveauté : il n’ambitionne pas de restituer le plus fidèlement possible les formes, les détails ou encore les expressions, mais produit des formes qui, sous certains angles, sont purement abstraites et sous d’autres, sont pleinement figuratives. Le résultat obtenu invite le spectateur à choisir soit d’observer la multitude d’éléments et de détails qui composent l’ensemble en passant de l’un à l’autre, soit de libérer son œil de cette contrainte et d’embrasser la totalité de la forme pour laisser l’identification se faire et se défaire. C’est donc le regard posé par le spectateur sur la sculpture qui en anime les formes, selon une circulation définie par le point de vue et la position dans l’espace. En restituant le volume par la lumière, E. Champion nous donne à voir la partie la plus exposée de l’individu – le visage, et dans le même mouvement, le lieu le plus caché de son intériorité : Si nous scrutons chaque détail, rien ne semble véritablement à sa place, le chaos nous est donné sans qu’il soit possible de décider s’il s’agit d’un visage humain. Si en revanche nous les envisageons dans leur entièreté, alors ils prennent forme et se recomposent. Le travail d’Étienne Champion donne à voir et à toucher l’aspect subjectif et complexe de l’individu, fait de noirceur et de lumière qui, pris ensemble, dévoilent la profondeur et la dualité de l’âme.
Étienne Champion works on subjects and forms that force the viewer to reinterpret perspective and light. This is why faces and bodies are his favorite objects of study. To create his sculptures, E. Champion begins by drawing his subject once, twice, ten times, under contrasting lighting and from different angles. Using charcoal, he renders the volumes on paper, playing with light and shadow. These two-dimensional black-and-white drawings give rise to his sculptures. The artist does not sculpt faces, but the drawings he makes of faces, adding what he defines as an “obligation of freedom” so that the whole becomes truly sculptural. In this, Champion’s work brings something new to sculpture: he doesn’t aim to reproduce shapes, details or expressions as faithfully as possible, but produces forms that, from certain angles, are purely abstract and, from others, are fully figurative. The result invites the viewer to choose either to observe the multitude of elements and details that make up the whole, moving from one to the next, or to free his or her eye from this constraint and embrace the totality of the form, letting the identification come and go. It is the viewer’s gaze on the sculpture that animates its forms, according to a circulation defined by point of view and position in space. By restoring volume through light, E. Champion gives us a glimpse of the most exposed part of the individual – the face – and, at the same time, the most hidden part of its interiority: if we scrutinize every detail, nothing seems really in its place, chaos is given to us without it being possible to decide whether it’s a human face. If, on the other hand, we consider them in their entirety, they take shape and recompose themselves. Étienne Champion’s work allows us to see and touch the subjective and complex aspect of the individual, made up of darkness and light which, taken together, reveal the depth and duality of the soul.